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SIBO & maladies autoimmunes



Définition du SIBO

La majorité des bactéries que l'on héberge (et il y en beaucoup, 1 à 3 kg selon notre poids (Sender et al., 2016) !) résident dans notre côlon.


Or, il arrive que les bactéries prolifèrent de façon excessive dans l’intestin grêle, on parle alors de SIBO (Small Intestinal Bacteria Overgrowth) (Sorathia & Rivas, 2021).

L'IMO (Intestinal Methanogen Overgrowth) est une prolifération d'archées (autre type de micro-organismes) pouvant toucher l'ensemble du tube digestif.



Source : wikipédia


Le SIBO n’est pas induit par des bactéries pathogènes (qui rendent malade), mais l’excès de bactéries va induire de nombreux symptômes désagréables, mais engendrer également des complications.


Les symptômes

Voici une liste (non exhaustive) des symptômes induits (Bures et al., 2010) :

  • Douleurs abdominales

  • Indigestion

  • Flatulences excessives

  • Ballonnements, distension abdominale

  • Reflux

  • Constipation

  • Diarrhée

  • Alternance diarrhée/constipation

  • Nausées

  • Symptômes digestifs se développent

- 2 à 6 mois après une gastro-entérite

- après la prise d’IPP

- après la prise d’opioïdes (anti douleurs puissants type morphine ou drogues)

- après une chirurgie abdominale

- après une longue prise d’antibiotiques

  • Les symptômes digestifs se calment lors d’une prise d’antibiotiques

  • Les symptômes digestifs s’aggravent après la prise de probiotiques

  • Anxiété, dépression, fatigue

  • Les fibres aggravent la constipation




Les causes

Le corps a plusieurs systèmes de défenses permettant d’éviter la prolifération de bactéries dans le grêle (Pimentel et al., 2020).


  • L‘acide chlorhydrique (acide de l’estomac) dont les rôles sont de tuer les microbes ingérés lors de la consommation d’aliments, d’activer les enzymes digestifs et de déclencher la libération d’enzymes et de bile par le pancréas et la vésicule biliaire

  • La bile, indispensable à l’absorption des graisses, qui joue également un rôle antimicrobien

  • Les enzymes protéolytiques qui vont découper les aliments et détruire les bactéries dans l’intestin grêle

  • Des défenses mécaniques : valve iléocaecale entre l’iléon (dernière partie de l’intestin grêle) et le caecum (première partie du gros intestin) qui empêche les bactéries de « remonter »

  • Le complexe migrant moteur, véritable balai digestif qui par ses contractions « poussent » les bactéries et les résidus alimentaires vers la sortie (se mets en place environ 3 h après le repas)

  • Le mucus intestinal qui joue un rôle de barrière et est crucial dans l’équilibre du microbiote

  • Le système immunitaire qui règne à l’équilibre du microbiote. Les IgA sécrétoires (branche du système immunitaire) vont aider à la prévention bactérienne.


Si l’un des systèmes devient défaillant, même de façon temporaire, le risque de développer un SIBO augmente.



Pourquoi ces systèmes de défenses échouent ?

Certains médicaments et facteurs issus d’anomalies favorisent l’apparition du SIBO.

De plus, le SIBO est un trouble souvent associée d’autres, telles que (Bures et al., 2010; Pimentel et al., 2020):


Anomalies anatomiques

  • Maladie de Crohn, maladie cœliaque non diagnostiquée ou pas contrôlée ;

  • Diverticules

  • Chirurgies, telles qu’une restriction des intestins ou du côlon (ex : bypass)

  • Endométriose

Anomalies fonctionnelles

  • La prise chronique d’inhibiteur à protons (médicament prescrit en cas de reflux, brûlures d’estomac)

  • Faible acidité gastrique (achlorydrie) souvent secondaire à la prise long terme d’IPP et/ou d’un stress chronique

  • Mouvement intestinaux lents, pouvant être dus à la prise de certains médicaments, au stress, à une réaction type autoimmune ou à du grignotage intempestif perturbant le complexe moteur migrant

  • Dysfonctionnement de la valvule iléo-caecale (« petite porte » entre l’intestin grêle et le côlon).

Autres

  • Inflammation au niveau de la jonction entre l’intestin grêle et le côlon (iléite)

  • À la suite d’une radiothérapie pelvienne ou abdominale

  • Production insuffisante d’enzymes digestives par le pancréas

  • Consommation régulière et excessive d’alcool

  • Expositions fréquentes aux antibiotiques

  • Prise de contraceptifs hormonaux

  • Déficience immunitaire (VIH par exemple)

  • Dysfonctionnement de la thyroïde

  • Post-infectieux dont le microbiote ne retourne pas à la normale (généralement après une intoxication alimentaire). C’est l’une des causes les plus fréquentes en cas de SIBO (hydrogène), mais le microbiote est à l’origine fragile et peu résilient.

Le SIBO est un symptôme souvent multifactoriel et lié à une autre condition. Il apparait quand un, ou plusieurs systèmes de défenses de l’organisme sont rompus.


Diagnostic

Le graal en matière de diagnostic est le prélèvement de fluide de l’intestin grêle et de compter les bactéries présentes. Cette méthode est peu commune, car elle est extrêmement invasive et coûteuse.


De plus le résultat du test peut être faussement négatif, car l’échantillon ne reflète pas ce qui se passe au niveau de l’extrémité distale de l’intestin grêle (vers le gros intestin), car l’échantillon est prélevé au niveau du duodénum (partie haute de l’intestin grêle).


Aussi, en pratique on utilise un test respiratoire.


Le but de ce test est d’ingérer un sucre (glucose ou lactulose) et d’expirer dans un petit sac toutes les 20 minutes pendant 3h.


Cela permet de suivre le trajet du sucre dans le tube digestif.


On va mesurer 2 gaz : l’hydrogène et le méthane.


Selon les taux expirés ont pourra conclure à un SIBO et/ou IMO (il est possible d’avoir les 2). La lecture de ce test doit être « bien » réalisé car un IMO peut cacher un SIBO.


Le CO2 sera aussi mesuré afin de vérifier si le test est viable (s’il n’y a pas eu de « fuites »)

Les personnes hébergeant davantage de bactéries génératrices d’hydrogène sont en général plus sujettes à des épisodes de diarrhées.


À l’inverse, les micro-organismes producteurs de méthane, les archées, induiront plutôt de la constipation.



Exemple d'un résultat positif de test


Traitement

Le traitement proposé en médecine « classique » est l’antibiothérapie (Pimentel et al., 2020). Bien que l’antibiotique phare est la rifaximine, cet antibiotique n’est pas autorisé dans le cadre du SBIO en France. Le métronidazole (Flagyl) et le ciprofloxacine sont les plus communs.


En pratique, je constate que les patients ayant uniquement recours aux antibiotiques expérimentent très souvent des rechutes. De plus les archées sont souvent résistantes aux antibiotiques.


D’ailleurs, selon les études, 30% à 40% des patients n’auraient pas de résolution des symptômes de SIBO sous antibiotiques et les récidives toucheraient 45% des personnes ayant eu recours à l’antibiothérapie (les personnes âgées, celles sous IPP et post ablation de l’appendice sont plus à risques (Lauritano et al., 2008).


Pourquoi un taux de récidives si élevé ?


Car la ou les causes n’ont pas été adressées.






La prise en charge du SIBO s’articule autour de plusieurs axes :

  • Soutien de la digestion

  • Lutter contre la pullulation bactérienne (des plantes antimicrobiennes pourront être utilisées qui sont toutes aussi efficaces que la rifaximine (Chedid et al., 2014))

  • Renforcer la muqueuse digestive


Selon les personnes, on devra également adresser les « problèmes « parallèles : SIFO (prolifération fongique), relancer la motilité intestinale, combler les carences nutritionnelles, prendre en charge les pathologies sous-jacentes et réduire les facteurs aggravants.


Pour cela, nous disposons de nombreux outils. On utilisera l’alimentation, la micronutrition, la phytothérapie et les thérapies manuelles principalement.


Bien que le stress à lui seul ne peut expliquer le SIBO, en perturbant les sécrétions digestives et le bon fonctionnement du nerf vague, il sera indispensable de travailler sur la « gestion » des émotions.


Dans certains cas la chirurgie pourra être une option (principalement dans le cadre de fistules ou d’obstruction intestinale).



SIBO & maladies auto-immunes

Le SIBO peut lui-même être une réaction auto-immune suite à une intoxication alimentaire (Xiao et al., 2021).


E.coli, Campylobater jejuni, Salmonella etc., ces bactéries, en plus de nous rendre malade, produisent une toxine : la cytoléthale B (CBT-B).


Lors d’une intoxication alimentaire ou d’une banale gastro-entérite, notre organisme sécrète des anticorps qui attaquent les bactéries et leurs toxines.


En général, on a une bonne diarrhée et/ou des vomissements pendant quelques heures ou jours pour les moins chanceux, et une fois que les anticorps ont fait leur job et que le danger est écarté, ils « disparaissent » de la circulation.


Cependant, dans certains des cas, ces anticorps sont un peu confus et s’attaquent à la vinculine, une protéine jouant un rôle majeur dans le bon fonctionnement du Complexe Migrant Moteur (CMM), notre balai intestinal.


Cette vinculine (protéine) est moléculairement proche de la CBT-B. Elles sont jumelles en quelque sorte.


En détruisant la vinculine, les nerfs du CMM sont abîmés.


Le CMM ne peut donc plus jouer son rôle de défense et de balai.


Le « nettoyage » ne se produit pas correctement et les bactéries restées dans le grêle profilèrent.


Vous n’avez donc peut-être pas souvenir, mais la cause de votre SIBO était peut-être due au steak à l’hygiène douteuse mangé quelques mois plus tôt !


Pour vous aider à comprendre, imaginez une rivière. S’il y a du courant, il y a peu de chance pour que vous puissiez voir des algues à la surface.




En revanche, si l’eau stagne, on pourra observer (et même sentir !) le développement de micro-organismes.



SIBO & hypothyroïdie


Des études ont reporté que le SIBO (prolifération de bactéries au niveau de l’intestin grêle) semble être présent chez plus de 50% des personnes atteintes d’hypothyroïdie.


Aussi, les études suggèrent que les personnes ayant des troubles digestifs et des signes d’hypothyroïdie devraient être testées pour vérifier l’hypothèse d’une prolifération microbienne dans l’intestin grêle (Lauritano et al., 2007; Patil, 2014).


Dans la même idée, en cas de SIBO associé à des signes d’hypothyroïdie qui persistent, un bilan thyroïdien correctement interprété est vivement conseillé.






SIBO & maladie cœliaque

Selon les études, 9% à 55% des patients ayant la maladie cœliaque ont été diagnostiqué d’un SIBO (Bures et al., 2010; Krauss & Schuppan, 2006; Rubio-Tapia et al., 2009).


La prévalence semble s’élevée si la personne ne respecte pas une alimentation sans gluten stricte et/ou a également une intolérance au lactose (Ghoshal et al., 2004).


En cas de symptômes persistants même après l’arrêt stricte du gluten, le SIBO doit être une piste à explorer (Shah et al., 2022).



SIBO & Crohn

Le SIBO est une complication réelle mais malheureusement peu reconnue de la maladie de Crohn. D’ailleurs, le SIBO peut faire penser à une rechute de la maladie. Il est essentiel de creuser cette piste avec votre thérapeute si cette hypothèse semble plausible (Klaus et al., 2009).


SIBO est retrouvé dans 25% des patients atteints de la maladie de Crohn, et ce chiffre monte à 30% peur les personnes ayant eu une chirurgie (Castiglione et al., 2003). Cette forte prévalence est associée à la perte de la valve iléo fécale post chirurgie. Une fistule peut aussi être un facteur de risque.



SIBO & sclérodermie systémique

La sclérodermie systémique est une maladie auto-immune du tissue conjonctif caractérisée par des anomalies dégénératives et une fibrose de la peau, articulations et organes internes et anomalies vasculaires. On observe une atteinte du tube digestif chez 80% des patients (Domsic et al., 2008).


54 patients atteints de sclérose systémique et 60 participants « sains » ont passé un test respiratoire au lactulose. 30 participants sur 54 contre 4 participants non malades ont été testé positifs.


Les participants testés positifs ont ensuite été traité par rifaximin 1 200 mg/j pendant 10 jours.


L’éradication du SIBO a été montré chez 73.3% des participants avec une réduction des symptômes évaluée à 72.7%.


L’étude conclue que les troubles digestifs perçus par les patients atteints de sclérodermie systémique peuvent être liés à un SIBO et qu’un trouble de la mobilité intestinale est un facteur de risque majeur (Parodi et al., 2008).


Selon les études, la prévalence du SIBO se situe entre 43 et 56% (Marie et al., 2009; Parodi et al., 2008).



SIBO & spondylarthrite ankylosante

Une étude a mise en évidence une prévalence plus forte au SIBO chez les participants atteints de spondylarthrite ankylosante sans que cette prévalence soit lié à l’activité de la maladie (Garcia et al., 2019).



Conclusion

Le SIBO et l’IMO sont des conditions fréquentes dans de nombreux maladies auto-immunes.


Il est indispensable d’adresser ces problèmes car l’excès de bactéries peut induire des complications, dont des carences nutritionnelles et une hyperperméabilité intestinale, facteurs aggravants des maladies auto-immunes.


L’éradication seule des bactéries sans prendre en compte les causes profondes de l’origine du SIBO/IMO ne suffira pas la majorité du temps.


Il est essentiel de soutenir l'ensemble du corps et de restaurer les mécanismes de défenses pour éviter les récidives.


 

Article rédigé par Juliette Janvresse









Retrouvez plus de son contenu sur son site juliette-nutrition.com

Son instagram: @juliettenutrition



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